Mohamed Bazoum séquestré par sa garde présidentielleA LA UNE AFRIQUE 

Niger: le président Mohamed Bazoum « séquestré par la garde présidentielle »

Depuis mercredi matin, des militaires proches du patron de la garde présidentielle retiennent le chef d’Etat nigérien dans sa résidence. L’Union africaine, l’UE et la France ont condamné le coup de force.

Quelle sera l’issue de la tentative de coup d’Etat au Niger ? Dans l’après-midi du mercredi 26 juillet, le chef de l’Etat, Mohamed Bazoum, était toujours séquestré avec son épouse dans la résidence présidentielle. La bâtisse est située à l’intérieur du palais, placé sous la protection de la garde présidentielle, l’unité d’élite dont, selon toutes les sources, sont issus les militaires qui se sont rebellés dans la matinée, avec, à leur tête, leur commandant, le général Omar Tchiani.

Alors que Niamey et les chancelleries s’interrogeaient sur la nature et les auteurs du mouvement en cours, la présidence nigérienne a tweeté dans la journée que, « tôt ce mercredi matin, des éléments de la garde présidentielle ont engagé un mouvement d’humeur antirépublicain et tenté en vain d’obtenir le soutien des forces armées nationales et de la garde nationale », soulignant que Mohamed Bazoum et sa famille « se portent bien ».

Des pourparlers en cours

En fin d’après-midi, si, dans l’entourage du chef de l’Etat, on signalait que la situation était « sous contrôle » à Niamey, la situation semblait bloquée : les pourparlers menés par son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, avec Omar Tchiani n’avaient, jusqu’ici, pas permis de résoudre la crise. « Tchiani reste inflexible », relate un conseiller à la présidence. La possibilité d’une offensive imminente de l’armée, restée loyale à Mohamed Bazoum, contre les auteurs de cette tentative de putsch est évoquée par plusieurs contacts sur place. Plusieurs unités de l’armée déployées à l’intérieur du pays auraient ainsi commencé à rallier la capitale pour mettre en échec ce pronunciamiento. Sur Twitter, la présidence a mis en garde : « L’armée et la garde nationale sont prêtes à attaquer les éléments de la GP [garde présidentielle] impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne reviennent pas à de meilleurs sentiments. »

Installé à la tête de la garde présidentielle après l’arrivée au pouvoir du président Issoufou, en 2011, le général Omar Tchiani aurait, selon plusieurs sources nigériennes et étrangères, déclenché ce mouvement en réaction à la volonté du président Bazoum de le relever de ses fonctions. Mais ses motivations exactes demeurent mystérieuses. Lors de son arrivée à la présidence, en 2021, le chef de l’Etat avait maintenu en poste cet officier à la tête de l’unité la mieux équipée du pays. L’un des proches du président assure que, « il y a un an, de premières alertes lui ont été données sur les intentions du général », mais que celles-ci n’ont manifestement pas été entendues. Cependant, selon cette source, la garde présidentielle ne parviendrait pas, jusqu’ici, à obtenir le ralliement d’autres unités.

En dépit de ces événements, la capitale nigérienne a semblé afficher son visage habituel. Aucun mouvement de panique n’a été relevé. Seuls les fonctionnaires ont évacué les ministères situés aux abords de la présidence et les locaux de la télévision nationale, placés sous la garde de soldats d’élite loyalistes. Dans l’après-midi, environ deux cents partisans de M. Bazoum se sont mobilisés pour défendre leur président et dénoncer « la déstabilisation des institutions de la République ».

Selon une source sécuritaire ouest-africaine, le Nigéria, dont le nouveau chef d’Etat, Bola Tinubu, préside actuellement la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao)doit « envoyer sous peu une délégation pour tenter de raisonner Tchiani et lui proposer un pays d’exil ». Comme l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE), la Cédéao a condamné « de la manière la plus vigoureuse cette tentative de prise du pouvoir par la force » dans un communiqué publié dans l’après-midi, appelant « les auteurs de cet acte à libérer immédiatement et sans condition le président de la république démocratiquement élu ».

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